Chambéry, Rousseau, Mme de Warens et Les Charmettes

9 avril 2015

Chambéry, Rousseau, Mme de Warens et Les Charmettes

Passage à Chambéry, sur les pas de Jean-Jacques Rousseau. L'objectif du jour est la visite de la maison des Charmettes que l'on voulait voir depuis longtemps. Située dans un vallon sur les hauteurs de la ville, on peut y accéder à pied depuis le centre en moins d'une heure, en passant par le parc de la Calamine (c'est plus sympa qu'en voiture).

Le vieux Chambéry vaut que l'on s'y arrête. A l'image des traboules Lyonnaise, le centre ancien est parcouru de ruelles et passages couverts, avec des découvertes à chaque coin de rue. Ici une cour, là une belle façade à l'italienne... Avec en plus une architecture mi- sarde, mi- montagnarde qui ne laisse pas indifférent.

Rousseau a vécu quelques années dans ce vieux centre, ou du moins dans un quartier qui devait lui ressembler. Il ne dit pas s’il y avait des pigeons dans les rues à cette époque? :"Ma chambre était la plus sombre et la plus triste de la maison. Un mur pour vue, un cul de sac pour rue, peu d'air, peu de jour, peu d'espace, des grillons, des rats, des planches pourries....Mais j'étais chez elle, auprès d'elle (Mme de Warens) ;..." Les Confessions - Livre V.

En tout cas, on comprend pourquoi il a incité Mme de Warens à déménager à la campagne !

Dans le vallon des Charmettes, le sol de la forêt vient de se couvrir de vert tendre. L'ail des ours explose en ces premiers jours de printemps. La forêt embaume... Bientôt, les petites fleurs blanches prendront le dessus sur cette marée verte.

L'arrivée aux Charmettes n'a pas dû bien changer depuis le XVIIIe siècle. Hier ci-dessus (gravure (XIXe??) collection Jean-Jacques Monney, Genève, http://agnespozzi.blogspot.fr) et aujourd'hui ci-dessous. Lieu de pèlerinage depuis la révolution, le site est resté préservé, ce qui est assez remarquable.

Rousseau doit y avoir passé ses plus belles années à l'en croire: "Une maison isolée au penchant d'un vallon fut notre asile, et c'est là que dans l'espace de quatre ou cinq ans j'ai joui d'un siècle de vie et d'un bonheur pur et plein qui couvre de son charme tout ce que mon sort présent à d'affreux." Les rêveries d'un promeneur solitaire, dixième promenade. La note de bas de page de mon édition indique que "Rousseau a séjourné aux Charmettes de 1736 à 1740, mais que cette période ne fut pas aussi idyllique qu'il l'affirme"...

Après tout, l'important est aussi le souvenir qu'il a pu en avoir, même si à la fin de sa vie il a pu idéaliser ces jeunes années.

En tout cas, l'endroit est quand même bien sympa, chouette ambiance, la maison est blottie dans le vallon qui est resté champêtre et le jardin est magnifique.