Le marquage jugal chez la marmotte alpine...

Le marquage jugal chez la marmotte alpine, ça fait titre de thèse... Un peu pompeux pour un message de blog d'un simple "regardeur" !

En fait, c'est bien le titre d'une thèse, celle Marie-Claude BEL, soutenue à l'université Claude Bernard-Lyon 1 en 1998.

C'est au retour d'une modeste mais bien sympathique balade dans  le massif de Belledonne, où l'on a eu la chance de croiser quelques marmottes pas trop timides, que j'ai découvert sur le web le "Projet Marmotte Alpine".

On nous dit sur leur site, "Depuis plus de vingt ans, des chercheurs de l'université Claude Bernard-Lyon 1 étudient les marmottes qui vivent dans la réserve de la Grande Sassière au cœur des Alpes françaises (Savoie)".

Incroyable !

Beaucoup d'infos intéressantes sur leur site et, le plus étonnant, les thèses et études sont mises à disposition en pdf: c'est ici ! Pour les curieux, beaucoup de choses à apprendre, même si un peu aride.

Bon tout ça pour dire que durant les quelques minutes d'observation que nous ont offertes ces sympathiques mammifères alpins, nous avons eu d'abord droit à quelques marques de sympathies entre deux individus :

Catherine Perrin nous dit dans sa thèse de 1993 Organisation socio-spatiale et distribution des activités chez la marmotte alpine (Chapitre 5, page 112), qu'il s'agit d'un comportement de reconnaissance par l'odeur, le "flairage mutuel". On voit souvent en effet les marmottes se faire des "bisous", mais pas évident de trouver une explication dans les guides natures ou sur le web, qui n'abordent pas le sujet.  (Cliquez sur les images pour les agrandir)

  

Bernard Fischesser indique dans "La vie de la montagne" que "les marmottes aiment la vie sociale et s'intéressent manifestement à leurs congénères" et que "les comportements d'apaisement tels que les flairages de face, les toilettages mutuels et les jeux contribuent à maintenir la cohésion de chaque groupe".

Oui, ça semble bien marcher !

Nous avons juste après observé une séance de marquage territorial. Coup de chance, la limite du territoire de notre hôte suit, en contre-bas, notre chemin, configuration idéale pour l'observer sans la gêner (c'est la marmotte de gauche sur l'image ci-dessus qui a continué sa balade (pour nous montrer son territoire?)).

Sans que l'on s'en aperçoive vraiment sur le moment (ce sont les photos qui permettent de décomposer la scène), dame marmotte (ou monsieur, qui sait?) s'arrête de point en point, renifle un rocher puis repart en frôlant la roche de sa joue. La scène est rapide et à peine perceptible.

Et oui, la marmotte possède des glandes jugales, sur les joues, entre l'œil et l'oreille, qui lui permettent d'émettre des sécrétions, sa "signature chimique". Chaque individu a sa propre signature ce qui explique sans doute aussi le comportement de flairage vu auparavant, pour se connaître et se reconnaître (malheur aux intrus). 

  

Bon, pas top ces images mais c'est un comportement que l'on ne capte pas si souvent il me semble...

Autre source, le courrier de l'environnement de l'INRA n°36, mars 1999 nous dit que : "Les adultes font le tour du propriétaire et déposent des marques odorantes aux limites de leur territoire et à l'entrée de leurs terriers.
La cohésion du groupe familial semble assurée par le marquage olfactif des terriers principaux, auquel participent tous les membres matures du groupe. En revanche, le marquage des frontières territoriales du groupe est presque exclusivement le fait du couple reproducteur du groupe (Belet al, 1996; 1997)."

 Voilà, une trop rapide rencontre (l'orage menaçait alors), mais elles nous ont offert un discret mais beau spectacle, prolongé grâce à la magie de la photo et du web ! Longue vie au « Projet Marmotte Alpine ».

Belledonne, 2100m environ, le 29.06.2016, 19h00.

Lien vers la thèse de  Marie-Claude Bel (1998) Le marquage jugal chez la marmotte alpine (Marmota marmota, Linné 1758).

Lien vers la thèse de Catherine Perrin (1993) Organisation socio-spatiale et distribution des activités chez la marmotte alpine.