Les lacs Robert, des pics et des peintres
Les lacs Robert, dans le massif de Belledonne sont depuis bien longtemps visités par les grenoblois. Normal, pas très loin (enfin aujourd'hui), pas trop dur (mas il faut quand même le être équipé) et magnifique, cet écrin de pics offre aux lacs un panorama dramatique et sauvage, de nature à combler les rêveurs, les romantiques, voire même les sportifs… Les deux premières catégories oublieront aisément la remontée mécanique de la station de Chamrousse dont le nouveau slogan commercial « Mountain Park » résume la philosophie…(*)
Ce paysage, les peintres dauphinois de XIX° siècle l'ont aussi trouvé beau. A l'époque, point de route pour monter à Chamrousse. Il fallait marcher depuis Uriage, soit via la cascade de l'Oursière, soit par Roche Béranger et le chalet du père Tasse (de 1863 à 1885). Une expédition !
Sans être bien sûr exhaustif, en voici trois illustres exemples.
En 1835 parait l'album du Dauphiné. Victor Cassien (1808-1893), jeune dessinateur signe cette gravure illustrant les lacs Robert.
Sur la monographie consacré à cet ouvrage sur l’indispensable site "La bibliothèque Dauphinoise", M Barféty relève "Dans le catalogue Perrin, commentaire sur les dessins de V. Cassien ... "... l'auteur put – chose permise – faire quelques pas à côté du sentier, souvent un peu aride, de la réalité...".
Oui, c'est certain ! Combien de lecteurs ont pu se faire une idée erronée de la montagne par une telle représentation, magnifique mais inquiétante... On est encore loin à cette époque de l'arrivée des « touristes » et du développement des clubs de montagne (création du CAF en 1874, de la STD en 1875).
Quelques années plus tard, la montagne jusqu’alors réservée aux bergers et aux chasseurs, s’ouvre aux « touristes », des visiteurs qui font l’effort de grimper sans autre but que de profiter du paysage… L'abbé Guétal (1841-1892) est un des premiers à peindre en montagne sur le motif après de longues heures d’effort. Il rapportera des lacs Robert ce beau paysage (trouvé ici).
Lui aussi fut un adepte de l’auberge du Père Tasse et signera en 1891 la couverture du livre d’Henri Vincent « Les vingt-deux années du père Tasse ». On y lit p. 182 :
« Une semaine à Roche-Béranger, c’est un plaisir que je souhaite à mon meilleur ami. »
L. Guétal, 17 août 1885
Enfin pour finir, Charles Bertier (1860-1924), élève de Guétal, puis grand maître de la représentation de la montagne, peint ce beau détail du site: « Entre deux pluies, lac Robert, Champrousse », peinture que je n'ai trouvé que dans la « bible » de M. Wantellet "Deux siècles et plus de peinture Dauphinoise".
On y voit le massif des Vans avec au premier plan ces beaux piliers de gabbros qui font aujourd’hui la joie des grimpeurs.
Il y aurait tant à raconter sur ces lacs. En bon grenoblois, on y reviendra, c’est sûr !
Dimanche 23 juillet 2017, Belledonne, lacs Robert
(*) Vite, il est temps d’adhérer à Mountain Wilderness