Jalabres en tenue d'hiver, les lagopèdes alpins de blanc vêtus
Alors que le soleil du mois de mars inonde de lumière et de chaleur le versant ouest de la montagne, à quelques mètres de là, de l'autre côté de la crête, il gèle.
L'ubac est baigné d'une lumière bleutée, froide et pure. C'est ici que se plaisent les lagopèdes alpin (aussi parfois appelés jalabres dans les alpes). Ils sont encore pour quelques temps dans leur tenue de camouflage hivernal (voir ici une rencontre au moment de la mue printanière).
Belle surprise en jetant un œil sur ce versant, d'abord cette femelle immobile au pied d'un rocher, rejointe rapidement par un mâle. A un peu au-dessus de 2000m, on est ici dans leur zone basse d'hivernage.
Les lagopèdes sont grégaires, ils passent l'hiver en groupe et ce n'est qu'au printemps qu'ils se réunissent en couples et se dispersent dans la montagne.
Cachés dans une faille ou sous un rocher durant la journée, ils sortent en fin d'après-midi, le calme et le froid revenu, pour gagner leurs lieux de nourrissage. Ici quelques buissons ligneux qui dépassent de la neige gelée, au beau milieu de la pente (lagopus mutus adulte est essentiellement végétarien, seul les jeunes sont nourris d’insectes).
L'oiseau est un marcheur, et ces deux-là nous ont offert une belle traversée, juste en dessous de nous. La chance de pouvoir observer discrètement cet oiseau mythique de nos montagnes.
Au sujet de la nourriture des lagopèdes en hiver, ci-dessous un extrait du livre "le gibier des montagnes française" du naturaliste-chasseur docteur Couturier, très controversé, mais tout de même bien intéressant à lire :
"Malgré les plus fortes couches de neige, des végétaux restent à découvert sous les blocs, dans les fissures ou des anfractuosités. Le vent met à nu certains pans de gazon. Ainsi le Lagopède qui sait s'accommoder d'une nourriture frugale picore des rameaux, des aiguilles ou des bourgeons de genévriers, de mélèzes, de pins rabougris, de bouleux et d'alunes, ainsi que des herbes jaunies, des graines, des mousses sèches et des lichens qu'il dégage pas ses grattages; et surtout des arbrisseaux. En définitive, c’est par ce dernier apport ligneux, encore formé des innombrables petits saules, qui l’empêchera de mourir de faim." (*)
Belledonne, vers 2050m, 18h05, versant Est. Samedi 16 mars 2019.
(*) Le gibier des montagnes française, Marcel Couturier , p342, Ed. Arthaud, 1964