Vivons heureux, vivons cachés : La bête noire
Pas si courant de croiser les sangliers en plein jour. Ce matin c'est une petite famille au complet qui s’est glissée sous les ronces du marais, juste à côté de nous en face du chemin. Des jeunes de l'année suivis de leur mère, aperçus quelques fractions de secondes avant qu'ils ne disparaissent dans les fourrés. Ils se sont calés là pour la journée, invisibles à quelques mètres du sentier. Une dernière secousse du roncier, puis plus rien. On imagine les petits allongés contre leur mère, immobiles. Pas le temps d'immortaliser la scène bien sûr.
Quelques secondes plus tard, une branche qui craque, un froissement dans le marais, une ombre, puis une autre... Encore deux bêtes noires dans les roseaux. Ceux-là ne s'arrêtent pas au roncier, vont un peu plus loin puis s'immobilisent, mais restent debout.
Ils se laisseront observer un long moment, observant eux aussi, humant l'air pour capter nos odeurs. Ils se sentent en sécurité dans le marais, mais peut-être aussi cherchent-ils à attirer notre attention, nous éloigner des jeunes ? Il leur suffirait de s'aplatir au sol pour qu'on les perde de vue.
Après quelques minutes de ces silencieux échanges, nous les laissons tranquilles. Ils ne ressortiront du marais qu’à la nuit. C’est plus prudent, les chasseurs veillent.
Samedi 30 novembre 2019, Grenoble Sud