Le couloir aux chamois
Les chamois se méfient des hommes, et ils n’ont pas tort. Pour regagner l'abri des barres rocheuses, quittées le matin même pour monter sur les crêtes déneigées, c'est au galop qu'ils traversent le chemin de randonnée et ses pentes dénudées.
Guidée par la chèvre de tête, la harde ralentie le pas une fois gagnées les pentes escarpées et glacées du canyon, à l'abri de l'humanité.
Il doit bien être terrible cet "homme" pour que ces braves chèvres alpines préfèrent entraîner leurs jeunes dans ces pentes instables et ces couloirs de glace abruptes plutôt que de risquer le croiser.
Si ce n'est Trag le chamois (*) en train de glisser dans ce toboggan glacé, c'est sans doute son cousin. Nous ne sommes pas bien loin du Lauzet :
"En trois bonds il rejoint la Mère. Oh ! là ! que ce couloir est raide ! Une vraie glissière. Pourtant la Mère s'y engage sans hésiter. Emportée par son poids elle est obligée de descendre en lacets, en freinant à chaque virage, d'un coup de reins, pendant que ses sabots dérapent. Trag, plus léger, descend tout droit en glissade." (**)
Samedi 22 février 2020, massif des Cerces, vers 2100m. Chamois (Rupicarpra rupicapra)
(*) Trag le chamois, par Micheline Morin, illustrations Samivel. Ed. Delagrave – 1948
(**) p56