Cargneules du Merdaret
Comme une sentinelle sur le vaste alpage du Merdaret, ce bout de roche isolé qui émerge de l’herbe grasse en bordure du GR «Tour des balcons des Sept-Laux » porte fièrement les couleurs du sous-sol.
Après avoir traversé les grés d’Allevard du Grand Rocher et avant de rencontrer les noires couches de schistes argilo-gréseux de l’autre côté du col du Merdaret, sa présence atteste discrètement mais sans ambiguïté que l’on est ici en terre de cargneules.
L’occasion pour le randonneur curieux d’aller voir la page de Géol-Alp qui décrit et explique si bien la géologie complexe du site. Et pourquoi pas de tenter de s’initier à la "géologie dauphinoise" en lisant l’incroyable livre éponyme de MM Gignoux et Moret que l’on trouve encore chez nos bouquinistes alpins préférés. Même si la tâche est ardue (et un peu veine pour un amateur comme moi), voici un ouvrage qui permet d’approcher avec bonheur l’histoire incroyable de nos montagnes, que l’on a aujourd’hui tant plaisir à parcourir.
Dimanche 27 juin 2021, Belledonne, Crête de La Frey, alpage du Merdaret. 1850m
Géologie dauphinoise - Initiation à la géologie par l’étude des environs de Grenoble, Maurice Gignoux et Léon Moret - Ed. Masson & Cie, 1952
Si j’ai bien compris et si j’ose résumer aussi trivialement les quelques dernières 360 millions d’années..., les cargneules sont des calcaires dolomitiques cloisonnés et décalcifiés formés par les dépôts de sédiments au fond des mers du Trias, il y a un peu plus de 200 Ma. Sédiments qui recouvraient eux-mêmes les grés d’Allevard du Permien (250 Ma) et les schistes argilo-gréseux noirs déposés au carbonifère (jusqu'à 360 Ma) sur les roches cristallines du massif hercynien érodés. On les rencontre successivement, et dans le désordre au gré des plissements du soulèvement alpin, en parcourant les crêtes du Grand Rocher (grés) jusqu‘aux Fanges (houiller) et plus loin, avec le massif cristallin de la Belle Etoile (gneiss et granite) que l'on devine au fond de l'image ci-dessus.
Bien entendu, c’est un peu plus compliqué que ça ! Un grand merci à M. Gidon pour ses précisions et encouragements.