En parcourant les immenses alpages du Grand Serre, on ne s'attend pas à trouver au sommet un profond et vertigineux vallon. Changement d'univers que l'on n'aperçoit qu'au dernier moment, en s'approchant de l'arête sommitale, à 2141m d’altitude. On passe alors sans préavis des vertes et accueillantes prairies au raide et austère vallon rocheux du Grand Rif. Une belle coupe géologique qui met à vif le cœur de la montagne et nous montre les couches de dépôts marins successifs datant au sommet du Lias (Jurassique inférieur) et remontant en bas du couloir (paradoxe géologique), quelques dix millions d’années en arrière, au Trias.

Ainsi, ce vautour fauve qui a eu la bonne idée de venir se poser sur cette arête délitée un peu en dessous du sommet, m’offrant au passage le spectacle d’un atterrissage périlleux et d’un rattrapage digne des plus grands équilibristes (*), est certainement loin de se douter que ses petites pattes reposent sur des fonds marins du Carixien, période géologique du Lias située entre 190 et 186 millions d'années et peuplée entre autre de dinosaures et d'ammonites. Il faut avouer que lui n’a pas la chance de pouvoir lire la page de Géol-Alp qui explique très bien la configuration et la géologie du massif.

En attendant, notre vautour a trouvé là un endroit relativement calme et sécurisé pour pouvoir se reposer et faire une révision complète de son plumage, laissant ses congénères croiser les uns après les autres au-dessus des arêtes de la Matheysine.

Dimanche 11 août 2020, 12h30, Sommet du Grand-Serre, 2141 m, Vautour fauve (Gyps fulvus)

(*) Très équipés pour le vol plané, les vautours semblent, avec leurs grandes ailes et leur corps imposant, réaliser un exploit à chaque retour sur terre…

Un fauve au Grand-Serre

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