Le bouc au pin vif
7h54, pas une corne en vue dans le grand éboulis et les falaises alentours. A part le vent du Sud qui souffle en rafale, rien ne bouge. La lumière du jour peine à venir tant le ciel est chargé de sable.
8h10, deux bouquetins sortis de je ne sais où apparaissent sur un sangle herbeux, là-haut, au sommet de l'éboulis. Ils sont montés passer la nuit à l'abri des prédateurs, dans les falaises.
8h30, deux femelles sont sur une vire au-dessus de moi. Sans le bruit d'une pierre projetée dans la pente, je ne les aurais pas vues. L'une des deux au moins attends un agneau, il va sans doute naître avant la fin du mois.
8h53. Les deux premiers bouquetins ont été rejoints par trois congénères, un jeune mâle de trois ou quatre ans, une femelle et un jeune de bientôt un an. Tous ont convergé, descendant l'éboulis vers les seuls bosquets de maigres pins présents à cette altitude. Ces pins sont des héros pour résister ans cet univers minéral et mouvant !
8h54, un cri strident dans un surplomb de la falaise d'à côté trahi la présence du nid d'un faucon crécerelle, je le vois redécoller, une fraction de seconde plus tard les cris des jeunes s'arrêtent nets !
10h00, monté sur le chemin du pas, je m'arrête en haut des éboulis. Deux jeunes de l'année restent au-dessus du groupe que les deux femelles ont entre temps rejoint.
10h21, je passe en redescendant non loin du mâle le plus âgé couché sous un des pins, il m'ignore noblement, je l'observe et le photographie. Il est beau et fier.
10h30, le moment de les laisser tranquilles et de redescendre.
Dimanche 7 avril 2024, 10h21. Vercors, vers 1700m. Jeune bouquetin mâle