Chaudun et la montagne blessée
La belle et sauvage vallée de Chaudun illustre combien était rude la vie des montagnards des siècles passés. Le village de Chaudun a été vendu à l'état par ses habitants en 1895 tant la vie y devenait impossible. Mortalité infantile élevée, épuisement des forêts et des alpages, absence de ressources et cultures aléatoires à 1300 m d'altitude, isolement de l'hiver et accès périlleux ont eu raison de la volonté des hommes, pourtant attachés à leur terroir, comme toujours dans les campagnes, et peut être plus encore en montagne.
Il faut lire le très documenté et passionnant récit de Luc Bronner(*) pour saisir un peu mieux l’âme de ces lieux, au-delà des panneaux explicatifs mais factuels mis en place par l'ONF sur le chemin.
Aujourd'hui les hommes ne font que passer dans la vallée, paradis pour randonneurs et forestiers. Les chamois profitent de l'ombre des falaises dominant le village, un mouflon traverse les schistes de l'adret, l'aigle royal surveille les alentours, la végétation disloque, petit à petit, les murs de pierre sèches, le Petit Buech coule tranquille au cœur du village disparu. Seul le cimetière, dernier témoin tangible des vies passées ici, domine encore les deux maisons forestières reconstruites par l'ONF.
Pour ne pas fragiliser le muret, nous ne sommes pas allé voir si la dernière tombe de Félicie Marin était toujours là, qu'importe, son souvenir retrouvé est dans « La montagne blessée ».
Samedi 15 octobre 2022, Dévoluy, Vallée de Chaudun, depuis le Champsaur et le col de Gleize
(*) A lire si possible avant de se rendre dans la vallée :
Chaudun, la montagne blessée. Luc Bronner. éd. Seuil 2020
Ici la page de Géol-Alp sur la vallée et les crêtes qui l'entourent